mercredi 1 décembre 2010

LE LABEUR D'UN DIEU

J'ai creusé longtemps, profondément
Dans une horreur de fange et de boue
Un sillon pour la chanson d'une rivière d'or
Une demeure pour un feu qui ne meurt pas

J'ai labouré, souffert dans la nuit de la Matière
Pour amener le feu à l'homme
Mais la haine de l'enfer et le mépris des hommes
Sont ma pitance depuis que le monde a commencé

Mes plaies sont mille et une
Et les rois titans m'assaillent…

Va où nul n'est allé, cria une voix
Creuse plus profond, plus dedans encore
Jusqu'à l'inexorable pierre au fond
Et frappe à la porte sans clef …

J'ai plongé par les allées aveugles du corps
Jusqu'aux mystères souterrains

J'ai remonté jusqu'au redoutable cœur muet de la terre
Et entendu la cloche de sa messe noire
J'ai vu la source d'où part son agonie
Et la raison intérieure de l'enfer.

Sri Aurobindo
A God's Labour











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