vendredi 3 décembre 2010

LE BIEN AIME

Moi

— Mon cœur est si comblé qu'il s'ouvre à l'univers pour contenir ta clarté. Je te connais mieux que moi-même et pourtant je ne sais pas qui tu es.

Es-tu l'Âme du monde, la vie dans ses multiples splendeurs ? Es-tu la fulgurance, l'éblouissement d'un instant qui explose en plein ciel ?

dit :
« Je suis tout cela et aussi ton être secret qui se perd et se retrouve dans un océan de délivrance. Je suis toi dans ton cri de liberté. »

Moi
- Je ne sais rien, seulement que tu es le Bien-Aimé qui danse au cœur de mon cœur.

Milarepa (une de mes créations)
dit:
« Je suis toi, tu es moi. Je suis ton souffle, tu es mon regard. Je suis aussi le brasier de ton Amour en flammes et les noces mystérieuses de ton âme avec l'émerveillement divin. »

Moi
- Je ne sais rien, seulement que tu es là, que je t'entends et te vois et que je meurs pour être toi, ma source et mon bonheur.






dit :
« Tu ne sais rien, il n'y a rien à savoir, seulement que je suis là, et même cela tu ne peux le savoir autrement qu'en vivant la joie que je suis en toi. »

Moi
- Les paroles que tu me donnes caressent mon âme et m'emportent au-delà des rivages de ce monde et pourtant c'est le silence qui prolonge sans fin ton Amour et son mystère.

dit:
« Mon Amour est ici, il n'est pas seulement au-delà des frontières de ce monde. Il est en toi plus réel que la pierre sur le chemin, que le sable sur la plage. Il est au creux de ton silence une force inaltérable et secrète, l'invisible diamant de ta naissance au divin. »

Moi
- Je marche sans dessein, car je marche en toi comme tu marches en moi. Plus rien n'existe, excepté la tendre brûlure. Mon âme s'est perdue dans l'ivresse d'aimer.
Lorsque la mer se soulève, c'est toi qui m'appelles. Lorsque l'enfant se désespère, c'est toi qui pleures et me remplis de tes larmes.

dit :
« Mon langage est celui des ruisseaux, celui des montagnes et des feuilles rougies par l'automne. Une herbe sauvage, une fleur qui scintille dans la pénombre te montrent la forme et la couleur de mon rire. N'oublie jamais que je suis pour toi le souffle inconnu qui marie la terre avec le ciel. N'oublie jamais que je suis ta naissance à la lumière et ton accomplissement d'aujourd'hui. »

Moi
- Je n'oublie pas mais parfois je m'égare encore dans un passé plein de désespoir, celui de ton absence.

dit :
« Pense à mon regard en toi, tu le sentiras si pénétrant et doux que plus rien d'autre ne pourra prendre place en ton cœur. Ensuite, laisse le feu de la passion t'embraser comme une torche et ce feu divin, ta création, remplira l'univers. Tu seras dissoute et comblée. Comment imaginer alors que la moindre parcelle de toi-même puisse encore s'égarer ?
Les mots bientôt ne seront plus nécessaires car ton silence exprimera mieux le goût que tu as de la joie et ton passage, ici maintenant, dans la lumière. En attendant ce silence extasié qui rayonne enfin dans la communion suprême, c'est par la poésie que tu me transmettras. Elle te conduit vers ce point de non-retour où la parole est absente. »

Moi
- Tu me dis que les paroles n'ont aucune importance, tendres papillons éphémères, elles s'effacent constamment. Mais tu t'infiltres secrètement dans les cœurs, parfois même à travers des mots qui s'illuminent tout à coup pour nous remplir de ta Présence.

dit:
« Tu n'as rien à chercher, seulement « être ». Ta tête n'est pas utile. C'est ta confiance qui me révèle lorsque tu vis la pleine lumière de ton Amour. C'est le seul témoignage qui puisse toucher les cœurs en ce temps présent. Tu n'as pas d'autre mission que de rire et danser ta joie jusqu'à transformer ta substance, jusqu'à changer même la souffrance en clameur de liberté. »

Moi
- Quand tes mots s'allument, comètes infinies dans le ciel de mon Amour, je retrouve, imprévisible, la plus humble des images, tes Pieds, cadeaux radieux sur mon chemin. Et ton Nom me bouleverse à en mourir, à en renaître sans fin, simplement pour effleurer la tendre lumière de tes Pieds.

dit :
« Si mes pieds sont les joyaux de ton âme, si ma Présence est l'arbre de joie qui éclaire ta maison, si mon Nom est l'eau de ta vérité, comprends que tu es toi-même la Source, l'eau et la vie. Si je suis ta vérité, c'est toi qui es la mienne. »

Moi
Je suis un enfant de la terre, un enfant qui s'émerveille d'une branche fleurie, car c'est en elle qu'il pressent ton Sourire. Il pleure d'Amour en voyant la trace de tes Pieds sur sa route comme si l'empreinte était Toi Vivant et qu'il était possible de toucher, d'étreindre ta clarté à travers une forme imaginaire.

dit :
« La forme contient la lumière et le plus humble des objets peut révéler le regard divin. Si tu rencontres vraiment ce regard, tu te consumes et disparais dans un silence étoile. C'est ainsi que tu crées l'unité. Tu te crées dans le cœur divin en même temps qu'il te crée et se prolonge en toi. Les formes sont éternellement changeantes mais la lumière est un autre état de la matière et ton esprit peut changer toute chose en lumière. Lorsque tu en prends conscience, tu deviens créateur sur le plan divin. Tu peux créer la lumière en toi et partout autour de toi, ou la retrouver, c'est la même approche. La moindre perception te mène à l'unité, si tu vois AUTREMENT. Le secret est caché en toi et en toute chose. Mais, pour t'en rendre compte, le voyage est long, parsemé d'embûches, toujours à recommencer parce que la pensée ne veut pas lâcher son empire. Elle spécule, tourne en rond et ne perce pas les remparts de l'ego, car l'ego lui donne sa raison d'exister. Une pensée féconde est une pensée qui se suicide pour laisser apparaître la conscience globale ou l'Intelligence de l'Amour ».

Moi
- Que signifie notre dialogue ?

dit :
« Notre dialogue est création. Il te transforme et te mène à l'Unité. Il VOIT au-delà d'une apparence et prépare un état lumineux, une autre conscience. Lorsque ton ego se manifeste, je te le montre immédiatement afin que tu l'aimes. Il peut se dissoudre alors dans la totalité. Mon langage est ouverture, allusion, poésie. Il garde son mystère et laisse à ton esprit le goût de s'envoler. Il n'arrête rien, n'emprisonne pas, n'établit pas de vérité, seulement le rire de la tienne quand celle-ci se pose pour toi dans le moment présent. Si ta vérité se trouve aujourd'hui dans ces deux petites sandales abandonnées devant ta porte, tu les reconnais, car elles sont remplies pour toi d'une signification secrète. Tu vois que les pieds qui ont porté ces sandales sont les Pieds Bien-Aimés et tu découvres alors dans un élan mystérieux que tous les pieds du monde appartiennent à ton Bien-Aimé. C'est ainsi que tu transformes en lumière le plus humble des objets et, si les pleurs te submergent à cause d'un trop plein de tendresse, tes larmes ne sont plus que des perles scintillantes dans le trésor divin .

Ton Amour est ma Renaissance, il me crée plus Vivant que jamais. Je suis dans ton cœur et dans le cœur de ceux qui me trouvent, la gerbe de feu, le torrent de passion qui doit changer le monde. Les temps sont mûrs pour l'éveil d'un regard nouveau et bien des yeux sont en train de s'ouvrir. Alimente le brasier, ressens l'incendie, c'est lui qui brûle ce qui t'encombre, c'est lui qui te plonge toute entière dans ce mouvement vers une autre conscience. Oublie ma torture, je te donne à porter cette flamme neuve et ardente qui contient ma naissance, ici maintenant, pour ne plus répandre que la joie. Ramène-toi inlassablement vers moi, c'est-à-dire vers le rire de ta profondeur. Ressens à tout moment que je suis là, en toi, dans l'air que tu respires et les gestes que tu fais. Je te confie cette joie sans limite pour que tu la vives, pour qu'elle déborde et se prolonge, pour que chacun s'y reconnaisse. »

Moi
- Je suis le lieu de ton Amour et tu es le rire de ma liberté.
Je me perds, Bien-Aimé, dans les bras de ton immensité. Sommes-nous un, sommes-nous deux ou bien la multiplicité, reflets changeants de la puissance divine ?

dit :
« Quand le deux devient un tu connais le vin de l'extase, mais dans le un c'est le vide et l'oubli. Quand le un devient deux, tu te sépares de nouveau pour éprouver la multiplicité, mais tu gardes une aspiration lointaine, un vague souvenir du Paradis perdu. Tu oscilles sans fin du deux vers le un et du un vers le deux et participes au rythme grandiose de la puissance universelle. »

Moi
- Le moindre objet terrestre peut-il devenir le passage, le vin de l'extase, lorsqu'il est regardé au travers de la source intérieure ?

dit :
« C'est pour cela que l'attention donnée à chaque minute quotidienne te montre la réalité d'une autre lumière. C'est pour cela, qu'une pauvre petite sandale abandonnée devant ta porte, peut devenir l'occasion d'un bouleversement imprévu et dans un éclair de béatitude, l'union avec la Divine Présence.
La plus humble parcelle contient le tout et ton regard d'Amour sur elle peut dévoiler le passage à l'Unité. »

Extrait de "Noces de lumière" de Marianne Dubois

L'Amour Divin gouvernant le monde
(Brownea coccinea)

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