lundi 1 avril 2024

L'art sacré

 

L’art sacré, un chemin ou l’esquisse d’une tranche de vie.
Sur le papier, s’esquisse la trame d’un devenir. Chaque espace créé va révéler sa lumière. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, les oppositions en soi se précisent, se soulèvent, se rebellent. Dans la douce et accueillante Présence, écouter, prend tout son sens. Chaque trait de crayon, chaque gommage est l’épée de feu qui illumine et tranche ce qui n’est pas, ce qui ne doit plus être, plus pour laisser la sérénité s’installer en soi. Du ciel à « l’ouverture des yeux », ce chemin propose la descente vers la Source. Continuer, persévérer à percevoir ce qui agite, ce qui se révèle… Autant de voiles qui se lèvent comme des étendards aux visages grimaçants. Du bleu au blanc, la lumière se pose ici et là éclairant, unifiant ce qui est morcelé, comme un baume d’amour que l’on pose sur une blessure…transmuter ce qui empêche d’être soi. Le papier est le dernier voile à s’estomper comme une brume laissant entrevoir la Beauté.

C’est un long chemin intérieur qui nécessite de faire disparaître la projection crayonnée de l’être de surface.
Refaire et défaire, encore et encore jusqu’à disparaître entièrement laissant l’énergie créative dévoiler la Beauté et l’Amour de ce qui Est.













mardi 19 mars 2024

Vivre, aimer, s'étendre partout

 

 Vivre, aimer, s'étendre partout, sentir partout, voir partout, sentir partout, voir partout, autant qu'on veut, autant qu'on aime, sans séparation, sans distance; chanter, sourire partout, dans tout ce qui est, dans tout ce qui vit, tout ce qui bas; mourir, renaître quand on veut, garder le fil indestructiblement, et remplir chaque instant d'une totalité d'existence, aussi pleine que les millénaires réunis! J'attends, oh! j'attends l'heure de vérité où nos millions d'amours dissous, brûlés, roulés dans le fleuve, pourront aimer encore, toujours, nos millions de gestes toucher la gloire vivante qu'ils modelaient dans la nuit, nos vies bafouées connaître la joie qu'elles forgeaient sans savoir, nos souffles perdus chanter le grand péan du monde divin - et nous toucherons le ciel de nos mains, nous bâtirons la terre à l'image de notre âme et nous incarnerons la lumière dans un corps. Oh! j'attends, j'attends l'heure de l'Autre Chose, j'attends un autre être sur la terre.

Satprem, PAR LE CORPS DE LA TERRE ou LE SANNYASIN



À quoi reconnaît-on celui qui cherche Dieu ?

 

Vous dites toujours que vous avez envie de Dieu. Mais est-ce bien vrai ?

Le cherchez-vous sincèrement ? Pensez-y un peu.                            

Si vous le cherchez sérieusement, vous êtes sûr de Le trouver.

 À quoi reconnaît-on celui qui cherche Dieu ?

 À ce qu’il éprouve un désir aussi violent que celui de l’homme en train de se noyer et qui voudrait retrouver la terre ferme, ou que celui d’une mère à la recherche de son enfant perdu.

 Si vous ressentez vraiment cela, vous jouirez de la présence en vous du Seigneur bien aimé.

S’Il vous donne des compagnons, des richesses, le pouvoir, c’est pour assouvir votre faim de ces choses.

 Mais cherchez-Le pour l’amour de Lui,

avec toute votre âme, et vous Le trouverez sans aucun doute

Sri Anandamayi Mâ




mercredi 13 mars 2024

 


"Avant même que la purification tranquillisante de la nature extérieure ait été réalisée ou avant qu'elle ne soit complète, on peut, par une puissante force d'appel et d'aspiration, par une volonté véhémente ou un effort violent ou par une discipline et une méthode efficaces, briser le mur qui fait écran entre notre être intérieur et notre perception extérieure, mais ceci peut être un mouvement prématuré qui ne va pas sans danger sérieux. En entrant au-dedans de soi, on peut en effet se trouver au milieu d'un chaos d'expériences étranges et supranormales dont on ne possède pas la clef, ou devant une poussée des forces subliminales ou cosmiques, subconscientes, mentales, vitales, physiques subtiles, qui peuvent ébranler l'être à l'excès ou l'entraîner dans le chaos, l'emmurer dans une prison obscure, ou le faire errer dans un désert de fascination, de séduction et de tromperie, ou encore le jeter dans un champ de bataille obscur, plein d'oppositions secrètes, traîtresses et fallacieuses, ou ouvertes et violentes. Des êtres, des voix et des influences peuvent se manifester à la perception, à la vision, à l'ouïe internes, et se faire passer pour l'Être Divin, ou ses messagers, ou pour des Puissances et des Divinités de Lumière, des guides sur le chemin de la réalisation, alors qu'en vérité ils ont un caractère tout différent."

Sri Aurobindo

lundi 4 mars 2024

L'art de la réalisation

 

Réaliser l'expérience de Dieu grâce au contact transformateur d'un gourou ou de quelque adepte sans un effort personnel n'est que velléité. En premier lieu, les yogis assez sages pour pouvoir impartir par leur seule sagesse l'expérience divine à un sâdhaka [aspirant spirituel] indépendamment de la compétence de ce dernier sont très, très rares. Par ailleurs, ces sages exceptionnels se tiennent à l'écart de toute publicité et n'exhibent pas ordinairement leurs pouvoirs spirituels. Aussi, rencontrer ces rares âmes pour leur contact transformateur est extrêmement difficile. L'expérience spirituelle n'est pas une chose qui s'échange contre de l'or ou de l'argent.

Il existe de nos jours des professeurs de yoga qui semblent vouloir commercialiser Dieu, le Yoga et la religion, et qui prétendent pouvoir transformer un individu et mettre n'importe qui en mesure de réaliser Dieu en un jour, voire une minute. Dans la plupart des cas ces gens sont des fraudeurs. Par conséquent, ne nous reposons pas sur nos lauriers avec l'espoir qu'un gourou viendra un jour à notre rencontre ou même répondra à notre appel pour nous montrer la lumière spirituelle sans effort de notre part, soit dans une autodiscipline, soit dans une contemplation et une méditation spirituelles traditionnelles. Même pour avoir une vision temporaire de Dieu, il faut lutter durement et s'adonner à une vie spirituelle intense.

Le sentier de la réalisation de Dieu, dit-on, est comme le fil tranchant du rasoir. L'effort spirituel peut se comparer à un combat serré qui exige une discipline ardue, un courage et une patience des plus grands et une activité continuelle plus intense qu'il n'est requis d'un guerrier ordinaire sur le champ de bataille. Le soldat spirituel doit être, à chaque moment de sa vie, aussi vigilant qu'actif ; il doit examiner minutieusement ses motifs et son attitude, et agir avec circonspection de crainte que son travail ne devienne mécanique ou simplement routinier ; un effort mécanique serait stérile.

Un peu d'indolence et de manque d'intérêt de la part du chercheur spirituel, et son ascension vers Dieu peut être interrompue. Un petit écart dans sa motivation et il peut s'écrouler instantanément. Un rien d'intérêt pour les choses de ce monde qui s'insinue dans son cœur, et sa victoire spirituelle est handicapée. Tout gain matériel ne signifie pas forcément une perte spirituelle, mais le désir de chaque gain matériel signifie un ralentissement proportionnel dans le zèle au service de l'Éternel. Chérissez les plaisirs profanes et vous perdez la dynamique divine (ânanda). Pourquoi en est-il ainsi ? Dieu seul le sait ! Mais c'est un fait indéniable. "Meurs et entre dans la Vie" est la règle divine.

La Sadhana, toutefois, n'est jamais sans heurts. Le plus souvent elle est faite de hauts et de bas. Tout au long de la Voie — et surtout lorsqu'il atteint des plateaux stériles et rencontre des épreuves et des tentations — le sâdhaka doit s'armer de persévérance.

Le vrai chercheur spirituel (uttama sâdhaka) est toujours poussé vers l'avant par une détermination ferme et sans compromission qui correspond exactement à l'exhortation populaire : "Marche ou crève". Les obstacles ne le rebutent ni ne l'épuisent et le temps ne le décourage pas non plus. "Que l'expérience divine prenne un instant ou d'innombrables naissances, je ne m'arrêterai pas, quoi qu'il arrive, tant que je ne L'aurai pas trouvé." C'est là le bon esprit qui l'anime et qui seul peut le mener jusqu'à Dieu.

La persévérance toutefois ne doit pas être confondue avec la complaisance. Elle exige que nous assumions notre tâche spirituelle résolument et patiemment, malgré toutes les difficultés, les dépressions et les dangers du "voyage".

~ Chandra Swami

L'art de la réalisation