lundi 4 mars 2024

L'art de la réalisation

 

Réaliser l'expérience de Dieu grâce au contact transformateur d'un gourou ou de quelque adepte sans un effort personnel n'est que velléité. En premier lieu, les yogis assez sages pour pouvoir impartir par leur seule sagesse l'expérience divine à un sâdhaka [aspirant spirituel] indépendamment de la compétence de ce dernier sont très, très rares. Par ailleurs, ces sages exceptionnels se tiennent à l'écart de toute publicité et n'exhibent pas ordinairement leurs pouvoirs spirituels. Aussi, rencontrer ces rares âmes pour leur contact transformateur est extrêmement difficile. L'expérience spirituelle n'est pas une chose qui s'échange contre de l'or ou de l'argent.

Il existe de nos jours des professeurs de yoga qui semblent vouloir commercialiser Dieu, le Yoga et la religion, et qui prétendent pouvoir transformer un individu et mettre n'importe qui en mesure de réaliser Dieu en un jour, voire une minute. Dans la plupart des cas ces gens sont des fraudeurs. Par conséquent, ne nous reposons pas sur nos lauriers avec l'espoir qu'un gourou viendra un jour à notre rencontre ou même répondra à notre appel pour nous montrer la lumière spirituelle sans effort de notre part, soit dans une autodiscipline, soit dans une contemplation et une méditation spirituelles traditionnelles. Même pour avoir une vision temporaire de Dieu, il faut lutter durement et s'adonner à une vie spirituelle intense.

Le sentier de la réalisation de Dieu, dit-on, est comme le fil tranchant du rasoir. L'effort spirituel peut se comparer à un combat serré qui exige une discipline ardue, un courage et une patience des plus grands et une activité continuelle plus intense qu'il n'est requis d'un guerrier ordinaire sur le champ de bataille. Le soldat spirituel doit être, à chaque moment de sa vie, aussi vigilant qu'actif ; il doit examiner minutieusement ses motifs et son attitude, et agir avec circonspection de crainte que son travail ne devienne mécanique ou simplement routinier ; un effort mécanique serait stérile.

Un peu d'indolence et de manque d'intérêt de la part du chercheur spirituel, et son ascension vers Dieu peut être interrompue. Un petit écart dans sa motivation et il peut s'écrouler instantanément. Un rien d'intérêt pour les choses de ce monde qui s'insinue dans son cœur, et sa victoire spirituelle est handicapée. Tout gain matériel ne signifie pas forcément une perte spirituelle, mais le désir de chaque gain matériel signifie un ralentissement proportionnel dans le zèle au service de l'Éternel. Chérissez les plaisirs profanes et vous perdez la dynamique divine (ânanda). Pourquoi en est-il ainsi ? Dieu seul le sait ! Mais c'est un fait indéniable. "Meurs et entre dans la Vie" est la règle divine.

La Sadhana, toutefois, n'est jamais sans heurts. Le plus souvent elle est faite de hauts et de bas. Tout au long de la Voie — et surtout lorsqu'il atteint des plateaux stériles et rencontre des épreuves et des tentations — le sâdhaka doit s'armer de persévérance.

Le vrai chercheur spirituel (uttama sâdhaka) est toujours poussé vers l'avant par une détermination ferme et sans compromission qui correspond exactement à l'exhortation populaire : "Marche ou crève". Les obstacles ne le rebutent ni ne l'épuisent et le temps ne le décourage pas non plus. "Que l'expérience divine prenne un instant ou d'innombrables naissances, je ne m'arrêterai pas, quoi qu'il arrive, tant que je ne L'aurai pas trouvé." C'est là le bon esprit qui l'anime et qui seul peut le mener jusqu'à Dieu.

La persévérance toutefois ne doit pas être confondue avec la complaisance. Elle exige que nous assumions notre tâche spirituelle résolument et patiemment, malgré toutes les difficultés, les dépressions et les dangers du "voyage".

~ Chandra Swami

L'art de la réalisation



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