La vraie attitude est celle-ci: l'argent est une force universelle destinée à faire le travail sur terre, le travail nécessaire pour préparer la terre à recevoir les forces divines et à les manifester, et il doit venir entre les mains (c'est-à-dire le pouvoir d'utilisation) de ceux qui ont la vision la plus claire, la plus générale et la plus vraie.
D'abord, la première chose (mais c'est élémentaire), c'est
de ne pas avoir le sens de la possession – qu'est-ce que cela veut dire, «c'est
à moi»? Qu'est-ce que cela veut dire?... Maintenant, je n'arrive pas très bien
à comprendre. Pourquoi les gens veulent-ils que ce soit à eux? – Pour pouvoir
l'utiliser comme ils veulent et en faire ce qu'ils veulent et le manier selon
leur conception. C'est comme cela. Autrement, il y a, oui, les gens qui aiment
mettre ça en tas quelque part... Mais ça, c'est une maladie. Pour être sûrs
d'en avoir toujours, ils l'entassent. Mais si l'on comprenait qu'il faut être
comme un poste récepteur-transmetteur; que plus le poste est vaste (juste le
contraire de personnel), plus il est impersonnel et général, vaste, plus il
peut contenir de forces (de «forces», c'est-à-dire, traduit matériellement: de
billets ou de monnaie), et ce pouvoir de contenir est en proportion de la
capacité d'utilisation la meilleure – la «meilleure», c'est-à-dire au point de
vue du progrès général: la vision la plus large, la compréhension la plus large
et l'utilisation la plus éclairée, exacte, vraie, non pas selon les besoins
falsifiés de l'ego mais selon le besoin général de la terre pour son évolution
et son développement. C'est-à-dire que la vision la plus large doit avoir la
capacité la plus large.
Derrière tous les mouvements faux, il y a un mouvement vrai:
il y a une joie à pouvoir diriger, utiliser, organiser de façon qu'il y ait le
minimum de gaspillage et le maximum de résultats. (C'est une vision très
intéressante à avoir.) Et ce doit être le côté vrai des gens qui veulent
accumuler: c'est la capacité d'utiliser à une très grande échelle.
À mesure que cette vision-là devient plus claire... Il y a
longtemps-longtemps, il y a des années et des années que le sens de la
possession a disparu; ça, c'est un enfantillage, ce n'est rien, c'est tellement
bête! Veux-tu me dire quel plaisir peut avoir quelqu'un à mettre dans une boîte
ou dans son mur des quantités de papiers! Un vrai plaisir, il ne peut pas en
avoir. Le maximum de plaisir, c'est celui de l'avare qui va ouvrir sa boîte et
regarder – ce n'est pas grand-chose! Il y a des gens qui aiment beaucoup
dépenser, qui aiment beaucoup posséder et dépenser; ça, c'est autre chose, mais
ce sont des natures généreuses qui ne sont pas réglées, qui ne sont pas
organisées... Mais la joie de mettre à la disposition de tous les VRAIS
besoins, de toutes les NECESSITES, le moyen de s'exprimer, ça, c'est bien.
C'est comme la joie de changer une maladie en bonne santé, de changer un
mensonge en vérité, de changer une souffrance en joie, c'est la même chose:
changer un besoin artificiel et stupide qui ne correspond à rien de naturel, en
une possibilité qui devient une chose tout à fait naturelle – on a besoin de
tant d'argent pour faire ceci et cela et cela qui est nécessaire, pour arranger
ici, réparer là, construire là, organiser là – ça, c'est bien. Et je comprends
que l'on aime être le canal conducteur de tout cela pour mettre l'argent juste
à l'endroit où il faut. Ce doit être le vrai mouvement des gens qui aiment...
(traduit en égoïsme stupide) qui ont besoin d'accaparer.
La combinaison du besoin d'accaparer et du besoin de
dépenser (les deux, ignorants et aveugles), combinés ensemble, peuvent faire
une vision claire et une utilisation ayant un maximum d'utilité. Ça, c'est
bien.
Alors, lentement-lentement, c'est la possibilité de mettre
en pratique qui vient.
Mais on a besoin naturellement de cerveaux très clairs et
d'intermédiaires très intègres (!) pour pouvoir être partout à la fois et faire
tout en même temps. Alors cette fameuse question d'argent serait résolue.
L'argent n'appartient à personne: l'argent est un bien
collectif qui ne doit être utilisé que par ceux qui ont une vision intégrale et
générale, universelle. Et j'ajouterais quelque chose: pas seulement intégrale
et générale, mais aussi essentiellement VRAIE, c'est-à-dire qui peut faire la
distinction entre une utilisation conforme au progrès universel, et une
utilisation que l'on pourrait appeler de fantaisie. Mais ce sont des détails
parce que même les fautes – même, à un certain point de vue, les gaspillages –
servent au progrès général: ce sont des leçons à rebours.
Agenda du 10 avril 1968
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